Avril s’installe, et avec lui, les premiers signes du réveil de la vigne. Le débourrement, moment délicat et fascinant, marque le vrai départ du cycle végétatif. Bourgeons gonflés, pointes vertes naissantes : les ceps s’animent, offrant aux viticulteurs leurs premières indications sur la saison à venir. Chaque année, ce spectacle fragile et éphémère ravive notre lien intime avec la plante, et notre vigilance face aux caprices du climat. Gel printanier, humidité, variations thermiques… les risques sont nombreux, mais l’espoir reste intact.
À Bordeaux, cette période charnière coïncide avec un autre temps fort : les primeurs. Alors que les vignes se projettent vers l’avenir, les professionnels du vin scrutent le millésime passé avec attention. C’est l’heure des dégustations, des échanges, des paris aussi. Le millésime 2024, encore en élevage, livre peu à peu ses secrets. Sa lecture demande finesse, mémoire et intuition : tout ce que notre métier incarne.
Entre observation du vivant et interprétation des vins, avril nous rappelle que l’œnologue est toujours entre deux temps — le végétal en devenir et le vin en devenir. C’est dans cette double temporalité que se forge notre expertise, année après année.